Pourquoi les baby-boomers ont-ils un risque élevé de mortalité par abus de substances?Effets de génération et facteurs socioéconomiques
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La mortalité liée à l'abus de drogues et d'alcool est un problème de santé publique important.Le Canada et les États-Unis font actuellement face à la pire crise en matière de drogues depuis l'existence de cette statistique.La mortalité par surdose s’est vue augmentée plus de 10 fois au cours de la dernière décennie,atteignant des niveaux record année après année.En parallèle,les taux de mortalité liés à l’alcool sont encore plus élevés que ceux des surdoses par drogue et ont montré des augmentations considérables pour les populations jeunes et âgées.
La plupart des recherches sur les augmentations contemporaines de la mortalité liée aux opioïdes et à l’alcool négligent les grandes différences générationnelles qui précèdent la crise actuelle.Dans ma recherche doctorale,j'ai identifié un plus grand risque chez les « boomers tardifs »(les personnes nées entre 1955 et 1965)de décéder par des causes liées à l’abus de drogues et d’alcool par rapport aux générations nées avant et après.
L'interaction de deux mécanismes peut expliquer la plus grande susceptibilité des baby-boomers face aux conséquences négatives de l’abus de substances.Premièrement,les cohortes de baby-boomers ont connu un contraste important entre leur enfance durant le boom économique de l'après-guerre et leur jeunesse au sein d'une grande cohorte en compétition pour des ressources limitées pendant une phase de contraction économique.Ce déséquilibre a entraîné une prévalence élevée de détresse mentale et de frustration.Deuxièmement,les boomers ont propulsé les révolutions en matière de sexualité et de drogues englobées dans les mouvements de contre-culture,ce qui a constitué une identité générationnelle avec des attitudes plus tolérantes vers les comportements à risque.Ainsi,pour faire face aux niveaux élevés de détresse émotionnelle,les boomers ont eu une propension à des comportements agréables,mais souvent néfastes.Ces caractéristiques propres à la génération des boomers les ont rendus plus sensibles aux conséquences négatives de l’abus de substances.
Néanmoins,on ne sait pas encore si ces différences générationnelles en mortalité sont une caractéristique commune à tous les groupes socioéconomiques ou si elles se concentrent de manière disproportionnée parmi les groupes les plus défavorisés des boomers.Ce projet de recherche vise à déterminer dans quelle mesure les dimensions du statut socioéconomique,telles que l’éducation,la profession et le revenu,augmentent ou atténuent la grande vulnérabilité à la mortalité liée à la drogue et à l’alcool chez les baby-boomers.
Cette recherche contribuera de plusieurs manières à notre compréhension des déterminants des inégalités de mortalité liées à la consommation de drogue et d'alcool.Celle-ci permettra d'identifier les facteurs sociaux qui aggravent les risques de décès et de mettre en évidence les caractéristiques sociodémographiques à prendre en compte afin d’identifier des groupes qui doivent recevoir des interventions psychosociales prioritaires pour la prévention des décès liés aux drogues et à l'alcool.Cela est directement pertinent pour atténuer la crise actuelle de mortalité qui frappe l’Amérique du Nord.